Jean-François Colosimo: «Occident, l’ennemi mondial numéro 1»

 

Le pogrom du 7 octobre en Israël perpétré par le Hamas avec le soutien de l’Iran et l’attaque aérienne récente de l’État juif par la République des mollahs ; l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 ; le nettoyage ethnique du Haut-Karabakh arménien par les troupes azerbaïdjanaises commandées par des officiers turcs ; les menaces maritimes et aériennes de la Chine sur Taïwan : la propagande nationaliste anti-musulmane et antichrétienne des supporters de Modi en Inde : l’Histoire, qu’on annonçait proche de la fin, s’est récemment emballée, accélérée, durcifiée.

 

Complexifiée ? Voire. Derrière une explosion de violences dispersées sur tous les continents se distinguent des lignes-force simples, analyse Jean-François Colosimo dans une étude historique, philosophique et géopolitique de haute tenue *. À regarder de près, les initiateurs des conflits les plus violents du XXIe siècle débutant ont beaucoup en commun.

 

À commencer par leur ennemi: l’Occident. Un idéal bouc émissaire girardien à l’entité trouble et aux contours parfois difficiles à établir, mais dont on voit assez bien la géographie: l’Amérique du Nord et l’Europe. Et l’Histoire: chrétienne et impérialiste. À lire aussiDe la France périphérique à l’«Occident déboussolé», comprendre le malaise de notre civilisation C’est justement cet impérialisme passé (colonial pour la France et la Grande-Bretagne, par exemple) ou présent (économique, linguistique et militaire pour les États-Unis) que prétendent combattre ses ennemis. Comment? En devenant eux-mêmes empires! «Or, poursuit l’auteur de La Crucifixion de l’Ukraine,les néo-empires ne font pas qu’exploiter le désordre mondial. Ils se montrent nationaux par leur Constitution, fédéralistes dans leur projection. Colonialistes en pratique, totalitaires en finalité. En fait, impérialistes.»

 

 

Mais ces créatures ne sont-elles pas nées de la main même du Frankenstein occidental ? ose s’interroger Colosimo. Car ces monstres, rappelle-t-il, ont jailli dans des pays qu’on pensait intégrer avec grâce et volupté dans le grand Machin mondialisé, matérialiste et post-historique surgi des débris du mur de Berlin.

 

En prétendant exporter les valeurs occidentales du XIXe siècle (libéralisme moral et économique, scientisme, etc.), donc en spiritualisant «laïquement» des sociétés aux assises religieuses, on a fait resurgir, par l’échec social, politique et économique de ces constructions étatiques bancales, les pires démons religieux.

 

Et c’est ainsi que Mahomet (Iran, Turquie), Confucius (Chine pourtant communiste), Brahma (Inde) et le Christ (Russie) ont été embrigadés à leur corps défendant dans les rêves fous et souvent sanguinaires de Khameini, Erdogan, Xi Jiping, Modi et Poutine. Mais qu’avons-nous à leur opposer ?

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Source Le Figaro | Jean-Christophe Buisson

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