Politique

Parmi les 19 ministres encore en lice au second tour, tous n’ont pas connu le même sort que Gabrial Attal et Gérald Darmanin, tous deux réélus. Ainsi, Sarah El Haïry, ministre déléguée chargée de l’Enfance, et Stanislas Guerini, ministre de la Fonction publique, ont été battus dans leurs circonscriptions respectives.
Olivier Véran, ancien ministre de la Santé et candidat en Isère, a été battu par la candidate du NFP.
Jean Lassalle, ancien candidat à la présidentielle, était qualifié dans sa circonscription, la 4e des Pyrénées-Atlantiques. Il est arrivé troisième, derrière la candidate du Rassemblement national et le candidat du Nouveau Front populaire élu avec 48 % des voix.
Marie-Caroline Le Pen, sœur de Marine Le Pen et candidate dans la 4e circonscription de la Sarthe, a été défaite sur le fil par une candidate du NFP.
Très mauvaise surprise aussi pour Nicolas Dupont-Aignan, le leader de Debout La France, qui n'avait pas présenté de liste aux élections européennes, député de la 8e circonscription de l’Essonne sans discontinuer depuis 1997, qui a été battu dans une triangulaire par un candidat du NFP. Le candidat LR s'était maintenu faisant le jeu du candidat NFP déjà arrivé en tête au premier tour. C'est certainement la fin de sa carrière politique, lui qui espérait se représenter à la prochaine élection présidentielle en 2027 et être un jour ministre d'un gouvernement de coalition de droite.

De notre correspondant à Paris : Joël RANC
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Que révèle cette nomination du nouveau gouvernement ?
Le Décret présidentiel du 01/07/2024 nommant les 15 nouveaux ministres du gouvernement de l'Union des Comores - source La Présidence de l'Union des Comores
Tout d'abord, l'ancienne équipe gouvernementale du 09 mai 2022 est congédiée, mis à part le ministre de l'Intérieur, de la Décentralisation et de l'Administration Territoriale, Chargé des Relations avec le Parlement, Mahamoud FAKRIDINE (fonction qui symbolise l'actuelle répression politique aux Comores).
Ensuite, cette équipe gouvernementale est mono parti alors qu'il était question pendant un moment de mettre en place un gouvernement d’ouverture. Cette promesse a « fait long feu ».
L'équipe est fortement rajeunie, la moyenne d'âge des ministres passe de 60 à 40 ans environ, ce qui laisse espérer plus de dynamisme...
La nouvelle équipe gouvernementale au complet en présence du président Azali ASSOUMANI, de son fils Nour EL FATH AZALI, nommé Secrétaire général du gouvernement et de son homme de confiance Youssoufa MOHAMED ALI, reconduit Directeur de Cabinet du Président, chargé de la Défense le 01/07/2024 - ©LE COURRIER Africain
Le nombre reste le même (15), mais on a désormais 15 ministres contre 13 et 2 secrétaires d'État dans le précédent gouvernement.
Désormais le ministère de la Santé est dissocié de celui de la promotion du genre et de la solidarité; Azali veut montrer qu'il donne de l'importance à la gestion de l'actuelle épidémie de choléra.
Toutefois, ce rajeunissement complet des ministres, laissant augurer un plus grand dynamisme, ne pourrait être qu'un leurre, face au manque d'expérience, voire de compétences de certains. En outre, iI est regrettable que certains hommes d'expérience n'aient pas été maintenus comme le ministre de l'Agriculture, selon certains analystes de la vie politique comorienne.
Deux décrets complémentaires datés du 01/07/2024 ont été publiés le 04/07/2024 dans la foulée :
L'on y apprend la nomination de Nour EL FATH AZALI au poste de Secrétaire général du gouvernement et le maintien de Youssoufa MOHAMED ALI au poste de Directeur de Cabinet du chef de l'État, chargé de la Défense.
Depuis la réforme constitutionnelle contreversée de 2018 et la suppression des trois postes de Vice-président, cette fonction de Secrétaire général du Gouvernement s'apparente à celle d'un Premier ministre qui ne dit pas son nom.
Ainsi bien encadrés et contrôlés par le fils, aucun des ministres, qui sont tous de la même génération et dont leur nomination doit beaucoup aux rapports qu'ils entretiennent déjà avec lui en tant qu'amis depuis l'enfance, ne pourra faire un pas de côté.
Nour EL FATH AZALI, « le fils », nouvel homme fort du Gouvernement de l'Union des Comores
En outre, ce contrôle sur le pouvoir aux Comores est complété par le second fils d'Azali, Loukman, officier supérieur de la gendarmerie, avec déjà le grade de Lieutenant-Colonel et nommé, depuis août 2023, comme le nouveau commandant du Groupement de gendarmerie de Ngazidja (Grande Comore), qui sera chargé à terme de contrôler la gendarmerie et l'armée, aidé de l'actuel Chef d'État-major de l'armée, Youssouf IDJIHADI, qui a la pleine confiance du clan Azali, promu général de brigade le 04/01/2023 et de Youssoufa MOHAMED ALI, chargé de la Défense au Cabinet du Président.
C'est Loukman qui est à l'initiative et qui pilote le projet de l'installation de la vidéosurveillance à MORONI, permettant un meilleur contrôle des mouvements dans la capitale.
Loukman AZALI, le second fils du président, vient d'être nommé Lieutenant-colonel à 37 ans, après sa formation à l'École de guerre en France en 2022-2023 - @ LE COURRIER Africain
On note une totale mainmise d'Azali ASSOUMANI sur le pouvoir et surtout l'influence grandissante de ses fils, en écartant la vieille garde, en favorisant la kleptocratie familiale par la nomination de ses fils à des postes clés et de plus en plus importants.
Concernant Nour EL-FATH AZALI, qui était déjà le principal conseiller privé du chef de l’État depuis 2019, on lui prépare son avenir présidentiel. Il sera chargé de poursuivre l'oeuvre certainement inachevée de son père « l’Emergence du pays à l’horizon 2030 ». Pour mémoire, il fait partie des personnalités citées dans l’affaire des Pandora Papers, le vaste scandale d’évasion fiscale.
De notre correspondant à Paris : Joël RANC
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En outre, les dispositions adoptées autorisent la libre-circulation des personnes et des biens au sein de la Confédération et décident la mise en place d'une force armée unifiée de l'AES et d'un plan dit trilatéral permanent pour les actions militaires.
Sur le plan du développement économique et social, la Confédération de l'AES a décidé de la création entre autres d'une banque d'investissement et la mise en place d'un fonds de stabilisation.
Les points clés de la Déclaration de Niamey :
* Création de la Confédération des États du Sahel (AES) : Une nouvelle entité politique et économique regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
* Dotation de la confédération d'instruments financiers : Afin de soutenir son développement économique et social.
* Mise en place de la libre circulation des personnes, des biens et des services : Favoriser les échanges et l'intégration régionale.
* Lutte contre le terrorisme : Un engagement fort à unir les forces pour combattre ce fléau qui frappe durement la région.
* Refondation des États : Basée sur les valeurs historiques et socioculturelles, pour une gouvernance vertueuse au service des populations.
* Développement durable : Promouvoir une politique économique et sociale endogène, basée sur les ressources propres et un partenariat respectueux de la souveraineté.
* Multilatéralisme inclusif : Contribuer à la paix, à la sécurité, à la justice et au développement au niveau international.
* Coordination diplomatique : Unir les positions et parler d'une seule voix sur la scène internationale.

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Le 27/06/2024
Un fort mouvement social de contestation, baptisé "Occupy Parliament" (« Occuper le Parlement »), a été lancé sur les réseaux sociaux au Kenya à la suite d’un projet gouvernemental débattu à l’Assemblée nationale depuis le 13 juin dernier, prévoyant une Loi de finance 2024-2025 comportant de nouvelles taxes (dont une TVA de 16% sur le pain, denrée d’alimentation de base dans un pays où le PIB par habitant est inférieur à 1.000 US$/an et une taxe annuelle de 2,5% sur les véhicules particuliers).
Face à la contestation, le gouvernement kényan avait promis, dès le 18 juin, de retirer la plupart des mesures impopulaires. Une réponse jugée insatisfaisante alors que les manifestants demandaient le retrait intégral du texte et que le mouvement s'est transformé en une contestation plus large de la politique du président Ruto.
Le mardi 25 juin, jour du vote du projet de Loi de finance à l’Assemblée nationale, la tension est progressivement montée tout au long de la journée contre le projet gouvernemental. Les manifestations ont progressivement dégénéré dans l’après-midi du vote entraînant la capitale kényane NAIROBI dans le chaos.
Plusieurs centaines de personnes ont forcé les barrages de police et franchi les grilles du Parlement où était débattu et prévu le vote du projet de budget 2024-2025.
Des manifestants ont alors provoqué un incendie dans l'enceinte du Parlement. Les bureaux du gouverneur étaient également en feu, selon les images retransmises par les chaînes de télévision.
Le président kényan William Ruto s'est immédiatement engagé à réprimer fermement la « violence et l'anarchie », a dénoncé les criminels qui se font passer pour des manifestants pacifiques, ce qui a déclenché un violent mouvement de répression des forces de l’ordre positionnées pour protéger les bâtiments officiels, entraînant au moins 22 morts, de nombreux blessés et des arrestations parmi les manifestants.
Le Président William Ruto appelant au calme lors de sa conférence de presse le mercredi 26 juin 2024 au sein du Palais présidentiel - ©LE COURRIER Africain
Le mercredi 26 juin, après avoir constaté la forte mobilisation populaire contre le projet de Loi de finance qui instaurait ces nouvelles taxes, le Président de la République du Kenya, William Ruto, pour apaiser les tensions et faire cesser les dégradations, les actes de vandalisme, a annoncé et publié par Mémorandum présidentiel antidaté au 24 juin, le retrait complet du projet de Loi de finance et a demandé à l’Assemblée nationale une nouvelle rédaction complète.
Avec ou sans nouvelles taxes, le budget doit être voté d'ici le 30 juin.
La communauté internationale a appelé au calme et suit la situation avec inquiétude et préoccupation.
Traduction du Mémorandum présidentiel publié le 26 juin 2024 :
« Renvoi du projet de loi de finances 2024.
Mémorandum de renvoi du Président.
Son Excellence l’Honorable William Samoei Ruto, PhD, Président et Commandant en chef des Forces de défense du Kenya.
Présenté à l’Honorable Président de l’Assemblée nationale.
Attendu qu’un projet de loi intitulé « Loi du Parlement modifiant la loi relative à divers impôts et droits et à des fins connexes », dont le titre abrégé est « Projet de loi de finances, 2024 », a été adopté par l’Assemblée nationale le 25 juin 2024 ;
Attendu que le projet de loi de finances 2024 m’a été présenté pour avis conforme présidentiel conformément aux dispositions de la Constitution le 26 juin de l’année 2024 ;
Compte tenu de l’expression généralisée du mécontentement du public à l’égard du contenu du projet de loi de finances de 2024 ;
Par conséquent, dans l’exercice des pouvoirs qui me sont conférés par l’article 115(1)b) de la Constitution et ayant des réserves sur le contenu du projet de loi dans son intégralité, je refuse de donner mon assentiment au projet de Loi de finances, 2024, et renvoyer le projet de loi pour réexamen par l’Assemblée nationale avec la recommandation de supprimer tous les articles de celui-ci ;
En témoignage de cela, j’ai ici mis ma main et fait apposer le sceau public de la République en ce 26 juin, l’année de notre Seigneur deux mille vingt-quatre.
Signé William Samoei Ruto
Président »
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Le 25/06/2024
Les autorités Rwandaises, incarnées par son tout puissant président Paul Kagame, s’opposent à la nomination du candidat retenu par le chef de la diplomatie européenne, un diplomate belge pourtant chevronné, au poste de Représentant spécial de l'Union européenne (UE) dans la région des Grands Lacs, du fait des récentes critiques du royaume de Belgique contre l’ingérence rwandaise en République démocratique du Congo (RDC).
Le président rwandais, Paul Kagame, en compagnie du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, lors d’une rencontre diplomatique à KIGALI (Rwanda), en octobre 2021. © LE COURRIER Africain
Les pressions de Paul Kagame
La rumeur circule depuis la publication de deux articles de Africa Intelligence fin mai 2024 (RDC/Rwanda : Paul Kagame tente de bloquer la nomination du représentant de l'UE pour les Grands Lacs - 27/05/2024 - Africa Intelligence et Rwanda : Tensions à Bruxelles après la tentative d'immixtion de Kigali dans la diplomatie européenne - 31/05/2024 - Africa Intelligence).
Suite à l'intense activité diplomatique des autorités rwandaises, en particulier de son omnipotent président Paul Kagame, auprès des instances européennes et de la France, révélées fin mai par Africa Intelligence, pour influer sur la nomination du nouveau Représentant spécial de l'UE dans la région des Grands Lacs, le Service européen pour l'action extérieure (SEAE qui constitue le bras armé de la diplomatie européenne) avait décidé de prolonger la procédure de recrutement jusqu’au 05 juillet prochain. Un email avait été envoyé aux États membres le 14 juin pour les en informer.
Le lundi 24 juin, le sujet des situations humanitaire et sécuritaire dramatiques dans la région de l'Est de la RDC et de la nomination du nouveau Représentant spécial de l'UE étaient notamment à l'ordre du jour du Conseil des ministres des Affaires étrangères européens qui se tenait à Luxembourg.
Cette région de l'Afrique est éminemment sous le feu permanent de l'actualité et de l'attention des diplomates européens, en raison de la résurgence des combats et des violences exercées sur les populations civiles dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) qui se sont intensifiées depuis fin 2021 (par les groupes armés du M23). Un conflit qui dure depuis plus de trente ans !
De cette nomination attendue du nouvel « Envoyé spécial » dépendra la position future de l'Union européenne vis-à-vis des bélligérants de cette région des Grands Lacs (Burundi, Kenya, Malawi, Mozambique, Ouganda, Rwanda, RDC, Tanzanie, Zambie), qui constitue une poudrière, après la résurgence des violences et les escalades verbales de certains candidats survenues lors de la dernière campagne présidentielle de 2023 en RDC.
Les rencontres officielles en France, les 29 et 30 avril 2024, avec les plus hautes autorités françaises (le Président Emmanuel Macron et les présidents des deux chambres parlementaires de l'Assemblée nationale et du Sénat), de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, le Président de la RDC brillamment réélu le 20 décembre 2023, avaient justement pour objectifs de rappeler l'extrême longueur de ce conflit armé dans l'Est de la RDC et de dénoncer les atteintes à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et au pillage des ressources naturelles de son pays par certains de ses voisins (dont le Rwanda).
Pour la première fois, le président français Emmanuel Macron, avait exhorté le Rwanda à cesser son soutien aux rebelles du M23, et à retirer ses forces de la RDC, sans toutefois abonder dans le sens du président Tshisekedi pour l'adoption de sanctions (Le président français exhorte le Rwanda à «cesser son soutien» aux rebelles du M23 et à «retirer ses forces» de RDC (rfi.fr)).
Suite à cette nouvelle rencontre ce lundi 24 juin 2024 des 27 ministres européens des Affaires étrangères réunis à Luxembourg, il n'a toujours pas été possible de dégager un consensus sur la nomination du nouveau Représentant spécial de l'Union européenne pour la région des Grands Lacs (qui comprend le Burundi, le Rwanda et la RDC), dont la nomination par Josep Borrell, l'actuel Vice-président de la Commission européenne et Haut réprésentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, devait intervenir dès la mi juin.
De cet échec, force est de constater que l'Europe est coupée en deux dans ce délicat dossier qui met dans l'embarras toutes les grandes chancelleries européennes, dont la France, l'Allemagne et la Belgique, les principaux pays concernés.
En mars 2024, deux candidats avaient été retenus : Pekka Haavisto, ancien ministre finlandais des affaires étrangères, qui a fini par se désister. Son principal défaut était qu’il ne parle pas français, alors que la région est francophone. Restait donc le second prétendant qui était pressenti, le Belge Bernard Quintin, diplomate chevronné, qui connaît parfaitement la région pour avoir été en poste à KINSHASA de 2004 à 2007, puis l'ambassadeur de Belgique au Burundi d'octobre 2016 à juillet 2019, puis le Directeur général adjoint pour l'Afrique du Service européen pour l'action extérieure (SEAE) de novembre 2020 à novembre 2023, d'ailleurs chargé pour l'Europe du suivi et de l'application de l'Accord cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région, dit Accord-cadre d'Addis-Abeba (Discours de Bernard Quintin, Envoyé spécial de l’UE pour les Grands Lacs, au nom des partenaires internationaux à l’ouverture du 10e Sommet des Chefs d'État et de gouvernement du mécanisme régional de suivi de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba | EEAS (europa.eu)) qui reste le principal outil diplomatique et depuis le 19/12/2023, l'actuel Directeur général de la Direction Générale Affaires Européennes et Coordination (DGE) ad interim au sein du SPF Affaires étrangères du Royaume de Belgique.
De par sa grande expérience de la région, il était l'homme idoine et semblait faire l’unanimité des États membres. Et pourtant, il ne sera pas non plus le prochain « Envoyé spécial » dans la région.
C'est évidemment un grave échec diplomatique pour la Belgique, ancienne puissance coloniale de cette région de l'Afrique, incapable de faire nommer son représentant, alors même que la Belgique assure l'actuelle présidence tournante du Conseil de l'Union européenne du 01 janvier au 30 juin 2024.
Ce barrage s’inscrit dans un contexte historique de relations diplomatiques tendues entre KIGALI et BRUXELLES, exacerbées par les critiques belges de plus en plus nombreuses sur l’ingérence rwandaise en République démocratique du Congo (RDC), Belgique qui a toujours soutenu la RDC.
Ces critiques sont aussi le fait de parlementaires belges, dont le fait le plus marquant fut l'intervention au sein du Parlement belge le 22 février 2024 du président du Parti du travail de Belgique (PTB), Raoul Hedebouw, qui a dénoncé le silence du gouvernement belge et des autres pays occidentaux face aux massacres dans l'Est de la RDC (Congo : Pourquoi la Belgique reste silencieuse ? (youtube.com)).
Le 27 février 2024, c'est une députée européenne française des Outre-mer, présidente du RPFOM, Maxette Pirbakas, qui est intervenue au sein de l'hémicycle du Parlement européen pour appeler l'Union européenne à soutenir la République Démocratique du Congo en imposant des sanctions aux promoteurs rwandais dans sa guerre d'agression dans l'Est de la RDC (Maxette Pirbakas, eurodéputée : "Pourquoi l'Europe ne fait-elle rien dans l'est de la RD Congo ?" (youtube.com)).
Plus récemment, avec la diffusion du projet « Rwanda Classified, au coeur de l'engrenage répressif du régime de Paul Kagame », un consortium de 50 journalistes « Forbidden Stories » a décidé de raconter ces histoires interdites, grâce au travail coordonné de ces journalistes représentant 17 médias dans 11 pays différents. Parmi ces médias, trois sont belges : la RTBF (Rwanda Classified : au cœur de l’engrenage répressif du régime de Paul Kagame - RTBF Actus), le Soir et Knack.
Le « travail de sape » et d'influence du président rwandais Paul Kagame, n’a pas attendu de voir Emmanuel Macron, le 20 juin dernier à PARIS lors du Forum mondial sur la souveraineté et l'innovation vaccinales. Dès la fin avril, lors d’un entretien téléphonique, il avait dit à son homologue français son opposition à ce choix, selon le média Africa Intelligence. À la suite de cet échange, la France, mais également d’autres pays comme la Suède ou le Danemark, ont alors soutenu cette opposition et ont fait savoir qu’avant toute nomination d’un envoyé spécial, il fallait s’assurer de sa bonne réception dans les pays de la région.
« Si l’on veut qu’un tel représentant soit efficace, il faut qu’il puisse parler à tout le monde et soit reçu par l’ensemble des acteurs régionaux. Si un pays s’y oppose, cet envoyé spécial européen sera affaibli », résume une source diplomatique citée par Le Monde Afrique. Alors que les ambassadeurs doivent soumettre leurs lettres de créance à leur État hôte, la procédure est bien plus floue concernant un envoyé spécial européen, qui porte la parole des Vingt-Sept. Théoriquement, un pays tiers n’a pas voix au chapitre.
Le président français Emmanuel Macron accueille le président rwandais Paul Kagame le 20 juin 2024 au MEAE, lieu du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales - Photo Paul Kagame Flickr
« Une humiliation pour l'Europe »
La Belgique, historiquement proche de la République démocratique du Congo, où le Rwanda est accusé d'être militairement engagé auprès des rebelles du M23 qui déstabilisent l’Est de la RDC, selon un rapport définitif du groupe d'experts de l'ONU du 13 juin 2023 (n2312381.pdf (un.org)), paie ses mauvaises relations historiques et actuelles avec KIGALI.
En 2023, la Belgique avait refusé l’agrément de Vincent Karega, choisi par KIGALI comme ambassadeur à BRUXELLES, qui avait occupé la même fonction à KINSHASA avant d'en être expulsé fin octobre 2022, ce qui a encore aggravé les relations entre les deux pays. C'est donc « la réponse du berger à la bergère ».
Certains pensent que l’Europe est en train de se faire humilier dans ce dossier et fait preuve de faiblesse, en se faisant dicter la marche à suivre par le Rwanda, déjà coutumier des ingérences comme l’a démontré l’enquête « Rwanda Classified » de Forbidden Stories en mai.
À l'inverse, certains affirment qu'un diplomate belge n’aurait pas dû être présélectionné pour une telle fonction, estime-t-on au service d’action extérieure européen, remarque qui apparaît surprenante quand on connaît le passé diplomatique du candidat qui a conduit le mécanisme de suivi et d'application de l'accord-cadre d'Addis-Abeba. Plusieurs États membres ont ainsi réclamé un profil plus neutre.
Plusieurs sources diplomatiques à Bruxelles ont exprimé leur frustration face à la capacité du Rwanda à influencer une décision interne de l’UE, un acte perçu comme une atteinte à la souveraineté diplomatique de l’Union. Un diplomate européen cité par Le Monde a déclaré que « laisser un pays tiers dicter notre conduite envoie un très mauvais message ».
« Le choix de M. Quintin par le panel de sélection était unanime et était connu de très peu de personnes, confie un diplomate au courant de l’affaire. Comment M. Kagame l’a-t-il appris ? Que le Rwanda fasse ensuite pression pour éviter la nomination d’un envoyé spécial dans la région, c’est son droit, mais il n’aurait jamais dû être informé si tôt de cette nomination. »
« Cette procédure a été une disgrâce », peste un autre diplomate européen à Bruxelles. « Laisser un pays tiers nous dicter notre conduite envoie un très mauvais message. Un tel processus de recrutement ne peut pas se reproduire. Ce n’est pas possible », renchérit une troisième source diplomatique, qui appelle à la nomination d’un nouvel envoyé spécial le plus rapidement possible.
« Avec le Rwanda, vous avez deux options : soit vous vous opposez et vous vous faites respectez, soit vous cédez, et vous vous faites marcher sur les pieds, relève un diplomate expérimenté. L’Europe a choisi la pire option. »
Il apparait que le Président français Emmanuel Macron, en perpétuelle repentance face au Rwanda, comme le souligne sa politique diplomatique de ces dernières années et sa déclaration polémique du 04 avril dernier en partie contredite par sa vidéo du 07 avril, a fait pencher la balance en faveur de Paul Kagame. Toujours la pratique du « en même temps » qui consiste à faire plaisir aux deux parties, mais cela ne fait pas une politique diplomatique cohérente et efficace.
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Le nouveau président sénégalais Bassirou Diomaye Faye est en visite en France, sa première hors du continent africain, invité dans le cadre du Forum mondial sur la souveraineté et l'innovation vaccinales. L’avenir des relations entre les deux pays est au cœur de toutes les interrogations, après une campagne présidentielle particulièrement critique à l’égard de l’ex-puissance coloniale.
Le Président français Emmanuel MACRON accueille le Président sénégalais Bassirou DIOMAYE FAYE au Forum mondial au Quai d'Orsay - © LE COURRIER Africain
Après ses tournées africaines qui l’ont conduit successivement en Gambie, en Mauritanie, en Guinée-Bissau, au Cap-Vert, en Guinée, en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigeria, au Mali et au Burkina, on se demandait quelle destination prendrait le nouveau président sénégalais en dehors du continent. On est désormais fixé depuis hier.
Bassirou Diomaye Faye séjourne en effet à Paris où il doit participer au forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales sur invitation de l’Alliance pour le vaccin (GAVI) et l’Union africaine (UA). Cette conférence qui doit réunir plusieurs chefs d’Etat du continent est presque un apéritif avant le déjeuner qu’il doit partager avec Emmanuel Macron ce jeudi 20 juin 2024 à l’Elysée. C’est la première rencontre entre deux présidents qui ont en commun leur jeunesse (respectivement 44 et 46 ans) et leur parcours professionnel puisqu’ils furent tous deux, avant d’accéder à la magistrature suprême, inspecteurs des finances publiques. Mais la comparaison s’arrête là, car tout semble les opposer.
Le parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (PASTEF) dont BDF était il n’y a pas longtemps le secrétaire général, évoluant dans l’ombre d’Ousmane Sonko, n’a jamais caché son panafricanisme et son souverainisme, volant souvent dans les plumes des impérialistes, notamment de la France.
Pas plus tard qu’en mai, à la faveur de la visite à Dakar de Jean-Luc Mélenchon, celui qui est devenu le Premier ministre, Ousmane Sonko, a encore tiré à boulets rouges sur Emmanuel Macron, coupable à ses yeux d’avoir fermé les yeux sur la répression de ses partisans sous le règne de Macky Sall.
Certes, le nouveau chef de l’Etat sénégalais est moins volcanique que son chef du gouvernement, mais il n’en partage pas moins les valeurs. C’est dire qu’il va falloir solder les comptes entre les deux dirigeants et rasséréner des relations qui ont sans doute besoin de l’être.
Quoi qu’il en soit, cette visite est la preuve que contrairement à ce qui se passe dans de nombreux autres pays, notamment de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), le cordon ombilical qui lie l’ancienne puissance coloniale à ce qui fut jadis la capitale de l’Afrique occidentale française n’est pas totalement rompu. Bien au contraire. N’oublions pas que la France demeure le premier investisseur étranger au Sénégal et son premier partenaire en matière d’aide publique au développement. Elle a aussi de gros intérêts privés au pays de la Teranga. Toutes choses qui devraient amener les deux parties à arrondir les angles, même s’il va falloir sans doute pour la partie française mettre un peu d’eau dans son vin.
Ce séjour de Faye dans l’Hexagone intervient à un moment où un peu partout dans son ancien pré-carré, le Coq gaulois est particulièrement malmené, qu’il s’agisse du Burkina, du Mali, du Niger et même du Tchad , son partenaire stratégique et historique dans la lutte contre le terrorisme dans la zone sahélo-saharienne.
Pour tout dire, quand bien même il y aurait des divergences, on voit mal les deux partenaires aller jusqu’au divorce comme on l’observe dans certaines capitales ouest-africaines.
Sur la présence des troupes françaises stationnées au Sénégal, un sujet qui devrait figurer au menu des discussions, jusqu’à preuve du contraire, Dakar n’a pas encore demandé officiellement leur départ, même si pour anticiper, Paris a annoncé depuis un certain temps le redimensionnement de son dispositif militaire sur le continent. Ce qui va passer, entre autres, par la réduction des effectifs et une coopération moins voyante en matière de défense.
L’un dans l’autre, c’est une prise de contact qui devrait se passer sans accroc entre deux Etats qui ont tout intérêt à ne pas trop tirer sur la corde, même si sur certains points de la coopération il va falloir, comme on dit, revoir la copie.
Hugues Richard Sama de l'Observateur Pallga du Burkina Faso
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